vendredi 1 avril 2011

Exposition de Présence africaine à Dakar

Visite dans l’univers littéraire africain

L’exposition retrace les vingt premières années de Présence africaine qui a permis aux différents courants d’idées du monde noir de a s’exprimer pendant la colonisation puis au début de l’indépendance.

Un mois après avoir abrité le Forum social mondial, la bibliothèque universitaire(B.U) de l’Université Cheick Anta Diop(UCAD) retient de nouveau les attentions. Sur son fronton, la banderole jaune des altermondialistes a cédé la place à celle rouge de l’exposition de Présence Afrique. « Une tribune, un réseau, un mouvement », tel est le slogan assez révélateur de la philosophie qui sous-tend la revue créée par l’intellectuel sénégalais, Alioune Diop, en 1947 à Paris, avant la fondation d’une maison d’édition et d’une librairie du même nom respectivement en 1947 et 1962.

En cette matinée fraîche du samedi 12 mars 2011, deuxième jour de l’exposition qui prend fin le 26 juin, l’ambiance de la bibliothèque universitaire est loin de celle du début de week-end. Il est 10 heures. Les étudiants en y entrant exhibent ostensiblement leur carte d’électeur aux vigiles postés à l’entrée, qui regardent négligemment les cartes comme pour exprimer la lassitude du week-end. Une négligence qui a permis à un étudiant de rentrer sur présentation de sa carte d’étudiant à la place de la celle recommandée. A l’intérieur de la B.U, le visiteur du jour est ébloui par un portrait géant d’Alioune Diop en costume et l’idiogramme de l’homme, emblème mythique de Présence africaine. Quatre salles sont aménagées au centre pour les besoins de l’exposition, réalisée par le musée du Quai Branly avec le soutien de Total.

Une flèche indique que l’exposition commence à gauche. Ici, les visiteurs sont surtout fascinés par les nombreux journaux noirs datant de la période coloniale, à l’image de cette jeune fille, Fatou Dieng de blanc vêtue, qui les photographie à grands coups de flashes, à l’aide de son appareil numérique, ostensiblement accroché à son cou. « Les images vont m’exempter d’écrire comme certains », dit-elle sur un ton moqueur en regardant son amie, occupée à prendre des notes. La demoiselle fait des émules dans les deux salles d’à côté où certains visiteurs photographient, à qui mieux mieux, des extraits des textes d’Alioune Diop, Léon G.Damas et les photos des écrivains africains et noirs américains comme Langston Huges, ou encore des lettres manuscrites de Jean Paul Sartre et d’André Breton à Alioune Diop. Les appareils téléphoniques sont aussi sollicités pour suppléer l’appareil photographique. D’autres se contentent de dévorer des yeux, à travers les vitrines, la panoplie d’ouvrages éditée par Présence africaine :’’ L’Afrique révoltée’’ de Albert Tevodjeré,’’ Le sang de Bandoeng’’ de la Fédération des étudiants de l’Afrique noire française(FEANF), ‘’Nations nègres et Culture’’ de Cheick Anta Diop,’’ Bantu philosophy ‘’de Placide Tempels…Etudiant en Lettres modernes, Ibrahima Tine, assis confortablement sur une chaise, remplit des pages de son cahier en informations sur Présence africaine et son fondateur. « C’est important, ça va beaucoup m’aider pour mes devoirs », dit-il, en affichant un large sourire. Des jeunes attendent derrière quatre étudiants assis sur un banc, les yeux rivés sur le téléviseur de grande dimension, où défilent des témoignages des Réné Dupestre, Sarah Maldoror et autres Edouard Glissant sur le fondateur de Présence africaine. Les impatients se ruent, à quelques mètres, sur les quatre écouteurs pour écouter des extraits des recommandations du premier congrès des écrivains africains en 1956. Nullement intéressé par les écouteurs, Alou Diagne, 14 ans, habillé en tricot blanc assorti d’une culotte jaune suit son père, un sexagénaire qui admire la photo de famille des écrivains africains. « Il est là », lâche d’autorité l’adolescent à son père. Il a retrouvé après une recherche minutieuse le président Abdoulaye Wade dont il a vu le nom au bas de la photo de famille. « Bravo ! » répond laconiquement son père, qui lui serre la main en guise de félicitations.

L’ambiance des trois premières salles contraste avec la morosité de la quatrième où l’on ne retrouve que trois jeunes, fatigués de regarder des images répétitives, de deux minutes, du premier Festival des Arts nègres de Dakar. « Ce n’est pas intéressant ici, on montre la même chose tout le temps. Je vais voir ailleurs », maugrée ce jeune en dreadlocks aux yeux rouges.

Il est midi. Les quatre salles se vident peu à peu de leurs visiteurs. On est loin de la grande affluence. Déficit de communication ou désintérêt du public ? Non, répond un responsable de la bibliothèque sous le couvert de l’anonymat. « Nous sommes en week-end, les gens préfèrent se reposer. Ils savent aussi que l’exposition va durer longtemps » explique-t-il, optimiste.

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